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Un film produit et réalisé par Sydney Pollack, basé sur le roman
best-seller de John Grisham. Avec des acteurs prestigieux tels
Tom Cruise et Gene Hackman, et d'autres talentueux telle Holly
Hunter (l'héroïne de "Always") et Jeanne Tripplehorn (la "rivale"
de Sharon Stone, psychiatre dans "Basic Instinct"). Critique de
Roger Ebert, journaliste au Chigaco Sun, traduite de l'anglais
par P.H.D.
En regardant "The Firm", j'ai réalisé que les cabinets juridiques
ont remplacé les pelotons militaires comme microcosme favori d'Hollywood.
Les nouveaux films à suspense juridique possèdent les mêmes éléments
que les vieux films d'action sur la Deuxième guerre mondiale :
un carrefour d'ethnies et de personnalités, qui combattent entre
eux lorsqu'ils ne se mesurent pas à l'ennemi. Ces films ont un
avantage considérable : les personnages féminins participent pleinement
à l'action, au lieu de rester chez elles et d'écrire des lettres
au front.
Dans "The Firm", un film labyrinthe de 153 minutes, Tom Cruise
joue le rôle de Mitch McDeere, un pauvre garçon honteux de son
humble origine, maintenant qu'il est diplômé de Harvard, troisième
de sa promotion. Il a des offres des meilleurs cabinets juridiques
de New York et de Chicago, mais porte finalement son choix sur
une petite firme, dont le siège se situe à Memphis. Sa décision
est fondée sur un critère financier : il considère l'argent comme
une sécurité, bien que |
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par la suite, il sera incapable de dire quelle richesse il doit
avoir pour se sentir réellement en sécurité.
Mitch déménage en compagnie de sa femme Abby (Jeanne Tripplehorn)
à Memphis. La Firme leur fournit une maison et une Mercedes (BMW
dans le livre...), toutes les deux truffées de micros. Et progressivement,
McDeere commence à réaliser que sa nouvelle firme juridique a
conclu un pacte avec le "diable". Un agent du F.B.I. lui révèle
la vérité : un quart des clients seulement est réel, le reste
est composé de malfrats, truands et blanchisseurs d'argent. Les
associés de la firme se conduisent comme des porteurs de valises
vers des banques dans les paradis fiscaux.
Certains films sur le sujet simplifient abusivement les aspects
juridiques. Celui-là les mélange dans tout ce qu'ils ont de pire.
Sans dévoiler l'intrigue, je peux quand même dire que McDeere
sera à la fois l'objet d'un chantage par le F.B.I. et par le responsable
de la sécurité de la firme. Pour se sortir de là, il utilisera
son cerveau et ses muscles, semant les tueurs et les avocats véreux,
préservant sa femme et sa licence d'avocat.
L'intrigue est relativement claire dans ses grandes lignes, mais
quelquefois déroutante sur des points particuliers. D'ailleurs,
essayant d'être fidèle à l'excellent roman de John Grisham, "The
Firm" met deux heures et demi pour se frayer un chemin à travers
un imbroglio moral et légal. |
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Cependant, en dépit des explications essoufflées de McDeere pendant
un appel téléphonique au milieu d'une scène de poursuite, on a
du mal à suivre sa stratégie, si l'on a pas lu le livre. Mais,
je vous rappelle que l'ossature du scénario est compréhensible,
ce qui excuse le vague dans certains détails.
Sydney Pollack, le réalisateur, coutumier des films longs et ambitieux,
("Out of Africa", "Havana") est à l'aise pour travailler avec
des stars. Il les utilise comme des personnages aux caractères
sur mesure. Ainsi Gene Hackman, le mentor de Tom Cruise, avocat
de la Firme, apparaît comme un homme aux multiples défauts, mais
toutefois très chic, parce que c'est son caractère. Tom Cruise
respire la sincérité, et on sent son personnage très réel. Il
est, comme dans beaucoup de ses rôles, simplement un peu lent
à comprendre ce qui se passe ; son personnage semble faire facilement
confiance aux gens, et il est très convainquant lorsqu'il avale
les mensonges de la Firme. |
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Toute une palette d'acteurs et de caractères forment un canevas
solide : le monde de McDeere est très réaliste. On assiste à des
scènes d'anthologie, notamment avec Gene Hackman qui prouve subtilement,
qu'au fond de lui se cache un grand cur. Plus loin, une délicate
scène entre Gene Hackman et Jeanne Tripplehorn est digne de figurer
dans un cours d'art dramatique.
En conclusion, avec un scénario qui aurait développé l'histoire
plus clairement, "The Firm" aurait pu être un film bien supérieur,
au lieu de ne rester qu'un bon film avec quelques passages remarquables.
P.H.D. tient à préciser que le Laserdisc "The Firm" est disponible
à la vente depuis le 16 décembre 1993, en NTSC, LetterBox, CLV,
Closed Captioned, et par-là même en version originale. En attendant,
vous pouvez découvrir le roman, dont P.H. vous recommande chaudement
la lecture, dans les librairies dignes de ce nom ! |
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